27 % des automobilistes bruxellois prêts à tester une vie sans voiture.
C'est ce qui ressort d'une enquête menée fin 2023-début 2024 par Bruxelles Mobilité auprès de 1.900 automobilistes bruxellois pour mieux cerner le besoin de la population de se déplacer en voiture et de disposer d’un véhicule particulier.
L'intérêt de cette étude réside principalement dans le fait que l’échantillon des personnes interrogées est exclusivement composé de personnes résidant à Bruxelles ET possédant une voiture.
Concrètement, les participants à l’enquête ont répondu à différentes questions portant sur la fréquence d’usage de la voiture (selon différents motifs de déplacements) et sur leur capacité à réaliser ces déplacements éventuellement via d'autres modes. L’objectif premier de l’enquête est en effet de mieux comprendre – et quantifier/objectiver dans la mesure du possible – la dépendance à la voiture et certains enjeux connexes.
Sur base de ces réponses, Bruxelles Mobilité a construit un indicateur du besoin automobile pour les déplacements réguliers.
En moyenne, les automobilistes bruxellois sont contraints d’utiliser la voiture pour 3,9 déplacements par semaine. Il y a cependant des différences importantes : certaines personnes sont très dépendantes, d’autres très peu. En effet, 37% des automobilistes sont contraints à l’automobile pour moins d’un déplacement par semaine ; 26% entre 1 et 4 déplacements et 37% pour plus de 4 déplacements. Ces écarts fluctuent en fonction des situations des répondants (âge, avec ou sans enfants).
L'enquête a aussi permis d'estimer la part de déplacements en voiture qui pourraient relativement facilement être effectués via un autre mode. Globalement, cela représente près d'un tiers des déplacements (32%)!
Il a également été demandé aux personnes disposant d’une seule voiture au sein du ménage s’il était envisageable pour elles de vivre sans voiture. 27% de l’échantillon a répondu par l’affirmative. C’est dans les quartiers situés à l’intérieur de la première couronne que l’on trouve le plus de ménages motorisés disposés à se passer de leur voiture.
Quels enseignements par rapport aux pratiques de stationnement?
À côté de l’indicateur du besoin automobile, l’enquête a aussi permis d’approcher les pratiques de stationnement des Bruxellois. 54% des automobilistes bruxellois garent quotidiennement leur voiture en rue à proximité de leur domicile.
44 % des répondants qui garent au moins plusieurs fois par mois leur voiture en rue à proximité du domicile déclarent avoir « quelques difficultés » à trouver une place et 20 % avoir « beaucoup de difficultés ». Ce sont les habitants du centre-ville et des communes de première couronne qui éprouvent, de loin, le plus de difficultés à ce niveau.
L’enquête met aussi en évidence que 29% des Bruxellois qui disposent d’une place de stationnement privative garent, malgré tout, souvent leur voiture en rue ! 36% d’entre eux le font, parce qu’ils utilisent leur garage pour d’autres fins que du stationnement (buanderie, débarras, etc.) et 22%, parce qu’il n’est pas facile de garer leur voiture dans leur garage.
Elke Van den Brandt, Ministre bruxelloise de la Mobilité conclut : "Cette large étude donne à voir les habitudes de déplacement des automobilistes bruxellois et comment rendre les alternatives à la voiture plus attrayantes. C'est important que l'administration maintienne un dialogue permanent avec les communes, les sociétés de transport et les associations. Ensemble, nous faisons tous les jours davantage une région de Bruxelles où l'on peut vivre, jouer, respirer et se déplacer plus facilement."
Cette étude s’inscrit dans le processus d’évaluation du Plan régional de mobilité
Bruxelles Mobilité a lancé un processus d’évaluation du Plan régional de mobilité visant à rendre compte, d’une part, du degré d’avancement des actions prévues et, d’autre part, de l’évolution des pratiques de mobilité et d’autres dimensions (sécurité routière, environnement, etc.).
Sur base de cette évaluation, Bruxelles Mobilité a rédigé un ensemble de recommandations pour la poursuite de la politique de mobilité. Par exemple :
- concentrer les moyens limités sur certains grands projets d'aménagement (ch. de Ninove, ch. de Mons, tram et magistrale piétonne Tour & Taxi, etc.) tout en menant à bien davantage de petits projets rapides pour résoudre des problèmes de sécurité routière et améliorer l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ;
- revoir l’approche pour améliorer la mobilité dans les quartiers (travailler à une échelle plus réduite, multiplier les filtres avec caméras ANPR pour permettre l’accès à certains usagers, etc.) ;
- développer un service public de vélos en libre-service et de location de vélo de longue durée à la place de Villo! (dont la concession prend fin en 2026) ;
- intégrer le poids des véhicules comme variable dans la tarification en lien avec le stationnement et dans les taxes de circulation et de mise en circulation, etc...
Ce 16 décembre, l'administration a présenté ces résultats et recommandations aux principaux acteurs des institutions bruxelloises, aux opérateurs de mobilité ainsi qu'aux secteurs associatifs et académiques qui contribuent à la mise en œuvre des actions du Plan Régional de Mobilité.
Camille Thiry