La congestion à Bruxelles reste stable ces dernières années.
Chaque année au moins de janvier, l'une ou l'autre société de GPS sort son fameux classement des villes "les plus embouteillées d'Europe" où figure régulièrement notre capitale. Histoire de déconstruire quelques idées reçues, voici une analyse critique des données concernant l'évolution de la congestion à Bruxelles.
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Temps de parcours et indicateur de congestion.
Quand on lit ce type de classement et d'études, on se rend compte qu'on compare souvent des pommes et des poires. Selon une société de GPS, en 2023, il fallait compter en moyenne 27 minutes pour parcourir 10 kilomètres à Bruxelles, ce qui en faisait l'une des villes les plus "embouteillée" d'Europe.
Pourtant, ce temps de parcours est logique, étant donné que Bruxelles est une agglomération limitée à 30 km/h > si on respecte les limitations de vitesse, parcourir 10 km mets au moins 20 minutes, et il faut rajouter à ce temps de parcours les moments perdus aux feux, pour laisser passer des piétons, etc.
Il est plus intéressant de déterminer un indicateur de congestion et voir quelle est son évolution pendant l'année ou d'année en année. Bruxelles Mobilité utilise un indicateur de congestion qui compare, sur 25 itinéraires représentatifs à l'intérieur de la région bruxelloise, le temps de trajet en heure de pointe avec les 10% de temps de trajets les plus rapides, mesurés en heures creuses (10h-15h).
Une congestion stable depuis plusieurs années
Selon cet indicateur, voici en moyenne, pour des jours ouvrables, les minute de retard sur un trajet de 10 minutes:
2023
- heure de pointe du matin : 1,0 minute
- heure de pointe du soir : 2,6 minutes
2024
- heure de pointe du matin : 1,0 minute
- heure de pointe du soir : 2,7 minutes
Ce graphique nous montre que la congestion varie au niveau saisonnier mais reste relativement stable ces dernières années à Bruxelles, surtout pour la pointe du matin. L'heure de pointe du soir est beaucoup plus encombrée que l'heure de pointe du matin, avec une légère évolution négative.
Plusieurs facteurs, aux effets contraires, expliquent pourquoi la congestion est in fine resté globalement stable :
- De nombreuses adaptations visant à améliorer la sécurité routière, à aménager des pistes cyclables, à fluidifier le transit de bus et des trams (notamment grâce à l’adaptation des cycles de feux), etc. ont, prises toutes ensembles, réduit la capacité d’absorption du trafic sur certains segments et carrefours du réseau structurant.
- L’usage de la voiture des Bruxellois baisse année après année et donc aussi le nombre de véhicules en circulation sur le réseau. L’équipement automobile des Bruxellois baisse de façon structurelle depuis plusieurs années, de même que la part modale automobile.
- Le nombre de déplacements "navette" entrants et sortants a aussi fortement diminué avec le télétravail avec un impact surtout le matin, lorsque le motif principal de déplacement est de se rendre à l'école ou au bureau. On comptabilise d’ailleurs en comparant avant et après la période COVID, environ 30.000 véhicules (+/-10%) par semaine en moins qui entrent le matin dans la Région depuis les principales autoroutes.
- L'heure de pointe du soir reste plus problématique car elle est composée d'une multitude de déplacements pour d'autre motifs que spécifiquement "domicile-travail" (loisirs, courses,...).
Camille Thiry